Il y avait comme un vent de révolte de la Culture haut en couleur et bien sympathique samedi 27 mars à l’appel de la fédération des arts de la rue et de collectifs locaux. Interdit d’exercer leur profession d’artiste en raison de la crise sanitaire, les intermittents de la Culture ont eu l’occasion de laisser libre court à leurs disciplines et à leurs revendications dans une manifestation autorisée par la préfecture qui s’est transformée en un concert mêlant chansons, danses et discours politiques.
Les instances gouvernementales ne manqueront pas d’entendre les cris de désespoir lancés au cours de ce moment qui a fait un bien immense à ceux qui avaient été avertis de ce qui allait se passer. «La culture n’est pas une charge, ce n’est pas une dépense supplémentaire, c’est un investissement, lâche Christophe Marquis de l’Échangeur. 615 000 personnes travaillent dans les différentes branches culturelles. C’est deux fois plus que dans l’industrie automobile.»
«La situation est compliquée pour tout le monde, et nous avons besoin de rester unis»
Le ton était donné avant de laisser libre cours aux artistes présents, comme le bien connu chanteur Rafi, de la Punckaravane (entre autres) : «Cela fait plaisir de se retrouver face au public. Je suis artiste. C’est mon métier. Mais actuellement je me sens empêché de pouvoir l’exercer. Placarder des étiquettes ‘‘non essentiel’’ sur des métiers attise les divisions dont nous n’avons pas besoin aujourd’hui. La situation est compliquée pour tout le monde, et nous avons besoin de rester unis.» Cependant le chanteur natif du sud de l’Aisne admet que la crise sanitaire imposait des mesures. «Je ne remets pas en cause le fait de lutter contre la propagation du virus. Je remets en cause la gestion de la crise par le gouvernement, et nous pouvons en débattre. Bien évidemment il fallait prendre des décisions. Il était évident qu’elles n’allaient pas plaire à tout le monde.»
Rafi veut continuer de chanter «et que l’on continue de défendre la culture, car elle nous permet de tenir moralement». Mais les messages de détresses succèdent aux moments de joie d’écouter une chanson, de voir des mimes. La situation des artistes en fin de droit, l’obligation de vendre ses instruments pour vivre, le problème des femmes enceintes sans travail, les trous dans le statut des artistes. La liste semble sans fin. Autour de la fontaine, mêlées dans la foule, les personnalités politiques sont nombreuses : Christian Copin (PCF), Omar Fenardji et Isabelle Lambert (La France Insoumise) mais aussi Dominique Moyse (UDI) et le maire de Château-Thierry, Sébastien Eugène. Appelé à dire deux mots, il lâche : «Je vous remercie pour l’organisation de cette manifestation conviviale. Vous avez été extrêmement patients. Il faut des réponses sur vos statuts, et j’espère que vous serrez entendus.» Une idée pour ces artistes qui ont ensoleillé la ville : pourquoi ne pas revenir tous les samedis ?
G. L