«Je conteste les faits. C’est compliqué à vivre. J’essaie de me reconstruire. J’ai été humiliée. J’ai été en arrêt quatre mois. J’ai voulu retravailler, sinon je n’y serais jamais retournée. J’ai dû affronter tous les regards. Je n’ai pas compris cet acharnement sur moi. Il n’y avait jamais rien eu, et tout à coup… Il y a 86 secrétaires pour 35 secrétariats à l’hôpital. Je ne voulais pas être placée dans un secrétariat en particulier. Mes maîtres mots : équité et esprit d’équipe. J’ai toujours été bien notée. Je ne comprends pas. J’attends que la lumière soit faite.»
Catherine Vassaux, 47 ans, exerce désormais la fonction de secrétaire qualité et dépend de la direction des soins hospitaliers (DSI). Elle est aussi secrétaire au sein de la délégation des usagers, qui règle les litiges entre l’hôpital et les patients. Au moment des faits qui lui sont reprochés, elle était secrétaire coordinatrice des secrétaires médicales. Elle comparaît pour harcèlement envers six de ces secrétaires médicales, dont elle n’était pas la supérieure, du 19 janvier 2015 au 12 décembre 2017 : Martine Beaurain, Muriel Jablonski, Karine Delimé, Isabelle Gris, Clémence Marot et Colette Ponthieu.
«J’étais considérée comme l’œil de Moscou de la direction»
Entrée à l’hôpital en 1994 à la consultation orthopédique, elle y est devenue en 2015 secrétaire coordinatrice : «Je rendais des comptes à la direction des ressources humaines. Je me rendais dans un service quand j’étais sollicitée. Je proposais des solutions, qui étaient suivies ou pas. À l’arrivée de la nouvelle DRH, ça allait moins bien, car elle ne venait pas aux réunions. C’est devenu compliqué avec d’autres cadres supérieurs. Mon but était d’uniformiser les services.»
«Étiez-vous bien perçue ?» demande la présidente du tribunal. «J’étais considérée comme l’œil de Moscou de la direction», regrette-t-elle. Surtout quand on m’a confié la gestion du temps des secrétaires, qu’il fallait équilibrer : une secrétaire avait 200 heures supplémentaires, alors que d’autres en avaient quarante. Le poste a pris plus d’importance. Des rumeurs ont couru sur le fait que je faisais passer des entretiens d’évaluation des secrétaires. J’en ai fait, mais juste en accompagnement du cadre, et avec l’accord de l’agent.» Elle dit ne jamais s’être considérée comme secrétaire hiérarchique des secrétaires, ce qui aurait signifié qu’elle outrepasse sa fonction. «Les comportements ont-ils changé à votre endroit ?» demande le tribunal. «En créant ce poste, on pouvait changer les choses pour notre bien-être, mais beaucoup de secrétaires ne voulaient pas que ça change, dit-elle. Elles avaient leur train-train avec les médecins. Elles se sont senties en danger. D’autres ont accepté.»
«Auriez-vous pu tenir des propos blessants ?» «C’est ce qu’on veut faire croire… dit-elle. Je n’ai jamais insulté personne. Mais les personnes se seraient observées, vu qu’elles n’étaient pas à l’initiative de ma demande. À l’imagerie médicale, ça s’est bien passé, par exemple. J’ai toujours respecté les personnes et je ne les ai jamais fait souffrir. Mais on ne m’a toujours respectée et on m’a fait souffrir.»
Les débats doivent durer deux jours. Jeudi matin, les témoins ont pris la parole, dont Freddy Serveaux, directeur de l’hôpital au moment des faits qui a expliqué son point de vue : «Il y a eu une incompréhension ou une inacceptation de l’intervention d’une secrétaire coordinatrice, de la part de certains services, qui ont amené ces tensions. Elle était motivée, volontariste… Le DRH m’a fait part que c’était compliqué.» L’après-midi ce sera au tour des partie civiles de s’exprimer. La journée de vendredi sera consacrée aux plaidoiries et réquisitions.
G. G.