Elle a l’air sympathique, Rezkellah Mezouar, 22 ans, qui vient d’écoper lundi 22 février de dix mois avec sursis probatoire pour avoir transporté 400 grammes de résine et d’herbe de cannabis. Elle dit au revoir au tribunal d’un signe de la main, n’oubliant pas de les remercier, avant de se réfugier dans les bras de ses copines, venues l’attendre à la sortie du palais de justice après quatre jours de garde à vue au commissariat de la cité du Vase.
«Bon courage» dit-on à la jeune femme de Bondy, qui a eu l’amabilité de commenter à chaud sa remise en liberté. «Bon courage à vous surtout, d’habiter ici», dit-elle, un brin moqueur. De toute façon, elle n’a plus le droit de revenir dans l’Aisne pendant deux ans. Ça fait partie de sa peine. Elle ne gardera pas un souvenir mémorable de Soissons, dont elle n’a pas découvert les endroits les plus touristiques.
«Franchement, vous avez un beau centre-ville, dit une de ses copines, c’est petit, mais c’est joli.» Rezkellah Mezouar grimace un peu. Son expérience soissonnaise se limite à la cellule de garde à vue où aucun des services habituellement réservés à la clientèle ne lui a été épargné, comme la couverture «qui pue» et les commentaires cassants des policiers : «Ils m’ont dit que je ne sortirai jamais. Ils m’ont donné des médicaments pour me calmer. J’étais défoncée. Ça m’a permis de mieux supporter les interrogatoires. Mais imaginez que je ne supporte pas les cachetons. J’aurais pu faire une overdose.»
Rezkellah Mezouar n’est pas une consommatrice de cannabis. Elle en a transporté, c’est tout, et c’est déjà pas mal. «Une fois», dit-elle, pour rendre service à une copine. Il lui a juste fallu se connecter à snapchat pour connaître la destination de livraison. De Bondy à Soissons, où sa route s’est arrêtée le 15 février place de Laon. Bon, elle en convient, c’était pas bien malin de se trouver au volant aux alentours de 23h, alors que le couvre-feu est établi depuis 18h, qui plus est dans une voiture immatriculée 93. «Ils ont fouillé tout de suite», dit la conductrice qui devait toucher 400€ pour ce trajet.
Elle a écopé de dix mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans, avec obligation de travail, de soins psychologiques et de fixer sa résidence chez sa tante à Bondy. «C’est le fait que vous n’ayez pas de domicile fixe qui vous a conduit à commettre ces infractions» conclut le tribunal, qui tient compte du fait qu’il s’agit de la première condamnation et du fait qu’il s’agit d’un fait unique. Une seule journée de livraison conclue par ce banal contrôle de couvre-feu.
G. G.