Séverine Desachy a suspendu sa page Facebook Villers Actu au premier jour de l’an 2021. Une décision comme une forme de bonne résolution pour la Cotterézienne, qui dit en avoir assez des remarques désobligeantes, voire insultes, des internautes. Elle rappelle, n’en déplaise aux “haters” et autres “trolls”, que cette page est la sienne. Cette bénévole de l’information locale a fondé sa page le 10 mars 2013. Depuis, elle cumule plus de 8000 fans.
«C’était un an avant l’élection de Franck Briffaut du Front national à la mairie de Villers-Cotterêts», rappelle la Cotterézienne, qui ne cache pas sa préférence politique pour celui qui a conquis un deuxième mandat en 2020, même si elle peut, parfois, le trouver trop à gauche. «Au départ, l’idée était de parler de Villers-Cotterêts, dit-elle. Il n’y avait rien. Le but originel, c’est de faire le buzz.» Elle estime que la mairie, au temps de la dernière année de mandat de Jean-Claude Pruski, a copié son idée de page Facebook. D’où un ressentiment envers l’élu socialiste, qui a quitté son siège d’opposition en 2020, et envers Jeanne Doyez-Roussel, alors chargée de communication de la mairie, et qui s’est présentée contre Franck Briffaut en 2020.
“J’ai le droit de tout dire, même de dire “ta gueule” à un internaute qui m’insulte.”
«Je profite de ma page pour faire ce que je veux, insiste Séverine Desachy. C’est une page à mon image, un ovni en quelque sorte… J’ai le droit de tout dire, même de dire “ta gueule” à un internaute qui m’insulte. Ce n’est pas comme au MacDo, où c’est “venez comme vous êtes”. Ici, on demande poliment et je publie le message ou l’information, qu’il s’agisse d’une personne qui a perdu son chat, ses papiers, ou d’un commerçant qui veut parler d’une promotion… Et comme je roule pour Franck Briffaut, ce n’est pas un problème que le FN se serve de moi, comme on a pu me le dire dans le camp d’en face.»
Elle précise qu’elle n’est pas payée pour administrer cette page, malgré l’audience qu’elle représente. «Il est arrivé que des commerçants abusent de la situation, dit-elle. Un restaurateur m’a offert un coca un jour. Je lui ai dit que nous étions deux à table. Il m’a dit que ce n’était pas possible. Pourtant, quand on a plus de 1000 personnes, on est considéré comme un micro-influenceur sur internet.»
Bipolaire et politiquement incorrecte
Mettant la liberté d’expression au-dessus de tout, elle bannit le moins possible les followers de sa page, à l’exception des personnes qui insultent gratuitement. Et il y en a beaucoup. C’est au nom de cette liberté d’expression qu’elle réclame la libération d’Hervé Ryssen, qu’elle estime, comme Bruno Gollnisch, emprisonné pour délit d’opinion, après des écrits jugés comme antisémites et négationnistes. «Je suis politiquement incorrecte» dit-elle simplement, précisant qu’elle est catholique et royaliste, elle publiait voici peu des vidéos en direct où elle montrait aux internautes des instants de vie dans le centre-ville comme l’avant messe célébrée par l’évêque de l’Aisne en l’église Saint-Nicolas. Elle montrait aussi des instants plus personnels, qui ont pu dérouter ceux qui les ont visionnés. Elle précise, à ce sujet, qu’elle est atteinte de bipolarité : «J’alterne les moments d’euphorie et de dépression. Quand je suis en “up”, je me sens pleine d’énergie. Mais il y a le revers de la médaille, parce que je peux aller trop loin.» Née en 1982 à Montauban, aux origines néo-calédoniennes, elle arbore fièrement ses couleurs kanakes, mais aussi celles de la Picardie, de Villers-Cotterêts, où elle est arrivée enfant en 1986. Elle regarde d’un œil méfiant le projet macronien de cité de la francophonie au château François Ier de Villers-Cotterêts : «Je me demande s’il va vraiment profiter aux Cotteréziens. Pour gérer le site, ils ne prendront que des Parisiens, qui feront l’aller-retour en train tous les jours.»
Autrement, elle se dit passionnée d’affaires criminelles, comme celle du petit Grégory, qu’elle dit connaître par cœur, ou plus récemment celle du drame arrivé à Elisa Pilarski. Elle aime Baudelaire et sa poésie. Et surtout, elle aime Jésus Christ : «Lui, au moins, il m’aime aussi.» Elle se définit comme une fille sympa, le cœur sur la main, qui aime rendre service.
Consciente qu’elle donne peut-être trop d’importance à ses détracteurs, «ceux qui ne critiquent pas ne s’expriment pas», elle envisage de revenir sous la forme d’un site internet.
G. G.