Puiseux-en-Retz pleure son centenaire. Marcel Secret est décédé la semaine dernière, à l’âge de 101 ans, des suites du covid-19. L’an dernier, c’est en grande pompe que la petite commune avait célébré son centième anniversaire. La fête avait eu lieu dimanche 3 novembre, en présence de 140 personnes dont Alexandre de Montesquiou, président de la communauté de communes Retz-en-Valois, de Nicolas Fricoteaux, président de l’Aisne, et de Thierry Gilles, maire de Puiseux-en-Retz.
À l’occasion, un diaporama a été projeté, retraçant cent ans d’évolution dans les domaines de la santé, la mode, les événements, la musique et le cinéma, le sport… sans oublier la commune de Puiseux-en-Retz et les photos retraçant la vie de Marcel Secret.
Il a 20 ans, la guerre est déclarée.
Né le 29 octobre 1919 rue du Pleu à Villers-Cotterêts, dans la maison des grands-parents, il est le deuxième garçon de sa fratrie. Après quelques jours, la famille déménage dans l’appartement familial parisien du XVIIIe arrondissement, rue du Simplon. À l’arrivée du petit frère, l’appartement parisien devient trop petit et Marcel est confié à ses grands-parents maternels rue du Pleu. Il fréquente l’école des garçons de Villers et accompagne son grand-père en forêt pour le bois avec sa petite brouette.
À 13 ans, la mère de Marcel, persuadée que le certificat d’études de Villers ne vaut pas celui de Paris, le fait revenir rue du Simplon. Il obtient le diplôme puis commence un apprentissage dans la métallurgie, tandis que les parents de Marcel repartent pour Villers, afin d’y passer leur retraite. Marcel intègre une pension pour jeunes garçons et revient à Villers le week-end, en train. Quand il a 20 ans, la guerre est déclarée. Marcel rejoint à bicyclette ses parents jusqu’à Limoges où ils restent quelques mois, installés en tant que retraités de la SNCF. De retour à Villers, il est réquisitionné par le STO (Service de Travail Obligatoire). Il travaille à la construction du bunker d’Hitler à Margival. Comme son patron M. Granet sollicite son retour pour satisfaire le travail d’affûtage de scies, Marcel est autorisé à revenir sur Villers. À la fin de la guerre, Marcel fait son service au nettoyage de la forêt (déminage, bois mitraillés…). Il reste à demeure chez ses parents. En 1946, il se marie avec une Cotterézienne, qui malheureusement décédera quatre ans plus tard d’une méningite tuberculeuse.
Son épouse Jeanine a été conseillère municipale
En 1954, il rencontre Jeannine, qu’il épouse et avec qui il s’installe à Bagnolet. Jeannine Secret est institutrice à Montreuil et Marcel travaille dans la métallurgie. Parce que Villers manque à Marcel, le couple achète une maison à Puiseux-en-Retz en 1968, qu’il retape pour la rendre plus habitable. Les années suivantes, Jeannine et Marcel Secret vivront entre Bagnolet et Puiseux puisque Jeannine continue de travailler. Celle-ci s’investit localement et devient conseillère municipale en 1983.
Il faut attendre 1990 pour que le couple partage les joies de la retraite. Les Secret partent souvent en voyage, mais ne s’absentent pas trop longtemps, puisque Jeannine s’engage dans un 2e mandat municipal de 1989 à 1995, puis un 3e de 1995 à 2001, en tant que 1ère adjointe. Jeannine Secret est aussi bénévole auprès de l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural), un réseau associatif de services à la personne, jusqu’en 2012. «100 ans : c’est 10 décennies, 12 000 mois, 36 525 jours, 879 000 heures, 52 740 000 minutes, calcule le maire Thierry Gilles. Mais vous Marcel, vous avez plus que cela puisque vous êtes dans votre 101e année depuis cinq jours. Né après la Première Guerre, vous avez connu enfant la France en reconstruction, puis adulte de nouveau la France en guerre. Puis les 30 glorieuses, des événements, des inventions qui pour beaucoup d’entre nous semblent avoir toujours existé. On dit que derrière un grand homme, il y a une grande femme, l’inverse est également vrai. Cela vous a permis avec votre épouse de former un couple depuis plus de 65 ans. Vous, madame Secret, vous avez toujours été au service des autres. D’abord en qualité d’enseignante, puis dans la vie locale pendant près de vingt ans, avec trois mandats dont un comme 1ère adjointe, et dans le monde associatif : foyer rural et ADMR. Sans oublier l’aide apportée, pendant votre retraite, à notre école de Puiseux et à M. Gillion, comme professeur de chant.»
G. G.