«Les expertises se rejoignent et tendent à démontrer l’implication exclusive du chien Curtis dans les morsures ayant entraîné la mort de madame Pilarski, sa maîtresse, sans qu’aucun élément ne permette de mettre en cause les chiens appartenant à la société de vénerie.» Ce communiqué d’Eric Boussuge, procureur de la République de Soissons par intérim fait suite aux conclusions des experts vétérinaires, qui considèrent que les morsures relevées sur le corps d’Elisa Pilarski ne peuvent correspondre qu’à Curtis, le pitbull de son compagnon qu’elle promenait, et non aux chiens de chasse à courre, notamment concernant l’espacement des crocs de la mâchoire supérieure. Les analyses ADN, dévoilées dans la foulée ont confirmé que Curtis était bien le seul chien responsable de la mort d’Elisa Pilarski, étant donné que seul son ADN a été retrouvé sur son corps et que celui d’aucun des 62 chiens de chasse à courre soumis à ce prélèvement génétique n’y figurait. La messe est dite. Examen des morsures Curtis, cet american pitbull terrier illégalement importé des Pays-Bas vers la France, qu’Élisa était allée promener ce samedi 16 novembre 2019 en forêt de Retz, à un kilomètre de sa maison de Saint-Pierre-Aigle, a fait l’objet d’un examen de sa dentition, le 30 septembre, afin de constater si elle était compatible aux blessures relevées sur le corps d’Elisa Pilarski. Étant donné le caractère agressif dû Curtis, une anesthésie générale a été nécessaire pour ce chien actuellement gardé actuellement gardé au Chenil Bonrepos d’Aussonnelle en Haute-Garonne. L’écartement dentaire des crocs de sa mâchoire supérieure est de 3,6cm. Il est légèrement moindre à la mâchoire inférieure. Le même examen a été réalisé sur les 62 chiens de chasse à courre du Rallye la Passion le 13 mars. Ils ont fait preuve d’une grande docilité pendant qu’on les manipulait. Aucune mesure des crocs de leur mâchoire supérieure n’est inférieure à 4,4cm.
En comparant ces mesures à l’écartement dentaire des crocs du ou des chiens mordeurs, conservée sur les clichés photographiques, aucune lésion ne présente un écartement supérieur à 3,6cm. Les experts en concluent que les lésions sur Elisa Pilarski ne sont pas compatibles avec des morsures de chiens de la chasse à courre, mais qu’elles le sont avec des morsures de Curtis.
Comportement des chiens de chasse à courre
D’après les experts, lors de la chasse, la mise à mort répond uniquement à l’ordre de l’homme., les chiens étant dressés à poursuivre un gibier donné, mais pas à mordre. Il est donc à leurs yeux «hautement improbables» que les chiens de chasse à courre puissent s’en prendre à un humain, auquel «ils sont socialisés».
Mais dans l’hypothèse où une meute de vingt à trente chiens se serait attaquée à Elisa Pilarski, ils auraient, en s’acharnant sur elle, obligatoirement provoqué le déplacement de son corps qui, selon le médecin légiste, n’a pas bougé. De même, une meute aurait piétiné le sol, jonché de feuilles mortes. Or, le tapis de feuilles mortes, photographié peu après le décès, apparaît “uniforme”. Sur le lieu de la découverte du corps, on ne relève pas d’empreintes de pattes de chien compatibles avec celles des chiens de chasse ni de trace de lutte entre chiens, comme cela a pu être envisagé. Curtis s’est blessé lui-même.
Les lésions à la gueule de Curtis ne sont pas dues à une éventuelle lutte avec d’autres chiens, mais il se les est infligées lui-même, en cherchant «furieusement» à retirer la muselière qu’il portait. Celle-ci a été retrouvée sur le sol, non loin du corps.
Curtis, un chien mal dressé
Curtis, en tant que chien de 1re catégorie, doit être tenu en laisse et muselé sur la voie publique. Il faut un permis de détention et il doit être castré. Selon Christophe Ellul, c’est un chien issu de croisement qui ne doit pas être soumis à ces obligations. Ce qui ne l’empêche pas de considérer son propre chien comme dangereux.
Pour les experts, Curtis a été mal dressé. La perte de contrôle du chien par Élisa, qui n’en était pas le propriétaire, a conduit à son décès. Le soir même, il s’est attaqué à la sœur de Christophe Ellul et à Christophe Ellul lui-même. Celui-ci avait mis cette agressivité sur le compte de l’émotion ressentie par son propre chien, choqué d’avoir assisté à la mort d’Élisa. Le 21 novembre, il a sévèrement mordu une bénévole de la fourrière au bras, à la jambe, sans lâcher prise, malgré les coups de chaise qu’on lui donnait. Il est selon les experts «obnubilé par le fait de mordre», y compris les humains, même ceux qu’il connaît. Pour le faire lâcher, il faut utiliser la force physique ou attendre qu’il s’épuise. S’il relâche sa prise, c’est pour mordre à nouveau.
Il est rappelé que pour maîtriser un chien, il faut peser quatre fois son poids. Curtis en pesant 18kg. À l’époque des faits et Élisa, enceinte, mesurant 1,52m et pesant 56kg, elle n’avait aucune chance. Déclaration de Christophe Ellu incompatible
Christophe Ellul, qui a découvert le corps, a dit que celui-ci était froid, signifiant que son décès remontait à une heure. Ce qui, selon les experts, ne tient pas avec le fait, comme il l’a déclaré, qu’il venait de croiser les chiens de chasse, juste avant de retrouver le corps de sa compagne. D’autant que l’équipage dit que la chasse n’est pas passée par là.
Il est établi que celle-ci a garé sa voiture dans la clairière vers 13h. Elle est sortie avec Curtis, en laisse et avec muselière. Une fois dans la forêt, Curtis s’est excité. Il a retiré sa muselière. À ce moment, les chiens de chasse étaient au carrefour su Conservateur, pour la mise en place. Curtis a pu être excité par la présence de la meute, plus loin, qu’il a reniflée et entendue. C’est à 13h19, heure de son appel téléphonique à Christophe Ellul, que Curtis a mordu Élisa. Elle a cherché à lui échapper, en vain. À 13h30, elle était morte.
Guillaume Grasset